lundi 9 mars 2009

Notre journée au Bourget


Introduction

Laurent, l’ami d’Anaïs, souhaitait faire un cadeau original à cette dernière pour la Saint-Valentin. Un vol, ou tout autre événement lié à l’aéronautique. Après avoir échangé quelques mails, il est convenu qu’Anaïs participera à la journée des femmes pilotes au Bourget en m’accompagnant à bord d’un DR400 au départ de Chavenay. Je croise par ailleurs Sandrine sur un vol retour de Madrid le mois dernier, justement le jour de la Saint-Valentin. Elle est PNC en fonction, ayant récemment changé de secteur pour revenir sur le réseau moyen-courrier de la compagnie. L’année dernière, elle était affectée au long-courrier et nous nous étions rencontrées sur une rotation Los Angeles. Sandrine étant de repos le 7 mars, je lui propose de se joindre à nous pour cette journée féminine.


Équipage

Anaïs est élève pilote à l’aéroclub Bertin de Chavenay. Doctorante dans le domaine des matériaux et structures, elle sera prochainement chercheur pour un grand centre de recherche aérospatiale.
Sandrine est collègue PNC ainsi qu’élève pilote à l’aéroclub Air France de Lognes. Elle ambitionne tout cockpit de ligne dans un futur qu’elle espère proche.
Quant à moi, j’aspire juste à pouvoir les emmener voler le 7 mars en fonction de tous les impondérables propres aux pilotes VFR...

L’équipage constitué sera donc 100% féminin et respectera la tradition de la journée des femmes pilotes.


Préparatifs

Une fois l’inscription confirmée auprès du musée du Bourget, il faut préparer la navigation qui cette année encore nous fera faire un stop à Lognes pour les divers contrôles administratifs.

Alors, le Bourget, je connais déjà un peu. L’année dernière, Vero, copine de club et pilote à Saint-Cyr, m’accompagnait dans cette aventure un peu rocambolesque. Rentrer en pleine classe A, rien que ça, alors que nous n’y sommes pas vraiment habituées. Mais y avoir été une fois ne signifiait pas pour autant que j’allais pouvoir y retourner à la one-again. Une navigation vers le Bourget, ça s’étudie dans les détails. Il faut être précis et montrer que l’on sait faire pour que le rendez-vous se renouvelle les années suivantes.
Comme toute navigation, il faut sortir les cartes des terrains, tracer des lignes sur la carte de la région parisienne, remplir les logs de nav. On peut également s’aider de Google maps pour avoir une vision globale de ce que nous allons survoler.

La veille de notre départ, tout est prêt. Il ne reste plus qu’à prier pour que l’avion réservé ainsi que la météo soient enclins à notre balade.

La météo

Parlons-en justement de la météo. A J moins 10, les sites généralistes prévoient de la pluie tout le week-end. Comme ça, c’est clair. Mais en même temps, on ne peut pas se fier à ce genre de prévision sachant que parfois le jour même, les météorologues doivent changer leurs pronostics. Front qui arrive plus tôt que prévu, front qui tarde, front qui disparaît... Une chose est sûre, nous n’aurons pas un franc et beau cavok mais espérons au moins le strict nécessaire requis pour que l’on nous permette de transiter en classe A : 5 kilomètres de visi et 1500 ft de plafond minimum.
La veille, les prévisions de Météo France sont hésitantes, Orly étant le seul aéroport à avoir un TAF encourageant. Le rendez-vous au terrain reste tout de même fixé à 7h45 pour tenter de respecter le créneau horaire que les organisateurs de la journée nous ont attribué.
Emmanuelle, pilote à l’aéroclub Renault de Chavenay, passe nous voir chez Bertin vers 9h du matin. Nous sommes chacune pendues au téléphone pour cerner au mieux les conditions de notre départ, l’une sur l’ATIS de Lognes, l’autre avec le bureau météo du Bourget qui nous annonce un changement de METAR avec un tempo 4000 de visi, pluie et 1200 ft de plafond. Les nuages arrivent mais ne devraient faire que passer. Emma décide d’y aller ; nous ne tardons pas à faire de même, l’ATIS de Lognes étant encourageant. Nous sommes en retard et après avoir appelé le coordinateur de nos arrivées, le créneau est modifié pour nous permettre de coller à la logistique.



L’avion

L’avion réservé, le F-GCAT, est un vaillant DR400 de 140 chevaux pouvant emmener jusque 4 personnes. Le plein est fait, la prévol effectuée, tout semble en ordre. Sauf que ce matin, il ne veut pas démarrer. Et pourtant, nous avons pensé à le brasser compte tenu du frimas matinal. Un mécanicien du club vient à notre rescousse, bidouille, l’avion démarre enfin !

Nos hommes

Laurent, l’ami d’Anaïs et Arnaud, mon compagnon, ont eux aussi envie de voler ce matin. Il n’y a pas de raison que seules les filles aient le droit de s’amuser ! Les consignes sont données : nous devons quitter Chavenay puis passer sur 123.45 pour les retrouver en fréquence. Ils décollent 10 minutes avant nous et nous rejoignent du côté des Etangs De Hollande. Je ralentis un peu, notre avion étant légèrement plus puissant que le leur, garde mon cap et l’altitude et les informe de tout changement de trajectoire. « On est dans vos 7 heures ! » Les filles surveillent nos poursuivants qui au fur et à mesure se rapprochent de nous pour un petit vol en formation à bonne distance. Arnaud est prudent, il se décale en arrière de nous, adopte un intervalle rigoureux, le zoom de nos appareils photo fera le reste. Cette année, nous aurons la double chance et de nous poser au Bourget et de nous voir à bord de notre avion en plein vol ! Les filles s’émerveillent, ce petit vol à deux avions étant une cerise supplémentaire sur ce beau gâteau au goût de ciel.





Organisation à bord et navigation

Sandrine et Anaïs sont pour l’instant élèves pilotes mais se portent d’emblée volontaires pour m’aider pendant la navigation. Chacune sa carte, chacune sa paire d’yeux pour me montrer tel ou tel point de passage qui pourrait m’échapper. Nous avons un GPS à bord mais forcément, le machin tombe en rade du côté de la Ferté et ne veut plus nous afficher la route. Ce qui n’est pas grave en soi et nous permet de naviguer comme nous avons l’habitude de le faire, au cap et à la montre. Il faut dire que les points tournants sont plutôt représentatifs et faciles à trouver avec cette visibilité extraordinaire qui dépasse assurément les 10 kilomètres.
A Lognes, après une très longue et directe finale pour la piste 26, nous sommes accueillies par Laurence Gallet, une amie pilote que je n’avais pas revu depuis longtemps. Elle s’est portée volontaire pour gérer les arrivées sur sa plateforme de toujours et décollera à la suite du dernier appareil pour également se poser au Bourget en avion. Les retrouvailles sont enthousiastes, la revoir si épanouie après sa nouvelle reconversion professionnelle aéronautique est un vrai bonheur.
Le transit à Lognes qui se voulait rapide se transforme en 30 minutes d’attente au premier point d’arrêt, juste derrière le Nord NC858.S de Gaëlle qui elle aussi a décollé de Chavenay environ une heure plus tôt. Le contrôleur nous demande de veiller la fréquence en attendant que le Bourget veuille bien reprendre la gestion de nos arrivées. Trop de trafic en même temps, et surtout un Mirage 2000D en approche à LFPB. Gaëlle décide d’arrêter son moteur ; derrière, nous faisons de même tout en guettant le message providentiel.



C’est reparti, pleine puissance, nous décollons de Lognes après un intervalle de 5 minutes sur l’avion précédent et mettons le cap sur la gare de Vaires comme nous l'avions fait l’année dernière avec Vero, le but étant de survoler le moins de maisons possible. Chose qui va s’avérer difficile tout au long de notre incursion en classe A, les maisons se transformant en immeubles tassés, la banlieue parisienne défilant à plus de 200 km/h sous nos ailes. Alors que nous sommes autorisées au transit, Echo 1 se profile déjà sur le nez de l’avion, puis Echo 2 avec au loin la fusée Ariane du musée, excellent repère pour ne pas se perdre. Les voies de chemin de fer du Blanc-Mesnil représentent une bonne base pour la piste 03, dernier virage et voilà la grande avenue du Bourget qui nous déroule un asphalte exubérant, tout comme notre joie, immense, d’être enfin arrivées à destination.
Un « Follow me » orange nous conduit ensuite jusqu’au parking déjà bien rempli de nos petits coucous. Stampe, DR221, Piper, de nombreux DR400 puis au loin le Mirage et l’Alpha Jet... cette journée ne sera pas seulement le moment des femmes mais aussi celui d’une belle aviation.




La journée

Nous sommes accueillies chacune par une jolie rose blanche puis très vite, nous retrouvons sur le tarmac tous les copains qui n’ont pas pu venir au Bourget en avion. Nos hommes sont également là ! Après une heure de balade au-dessus de la campagne francilienne, un nouveau vol en formation cette fois-ci avec un Stampe généreux, ils se sont reposés à Chavenay puis ont rallié le terrain en voiture. Ils nous regardent derrière les barrières, comme emprisonnés dans une sorte d’injustice car ils sont autant pilotes que nous ! Mais tout ce qui concerne l’événementiel nous échappe et ce qui compte avant tout pour eux est ce beau moment chaleureux que nous partageons toutes les trois ensemble.



Avant de rejoindre Emmanuelle et toutes les autres copines pour le déjeuner, nous montons rapidement dans l’ancienne tour de contrôle pour déposer notre plan de vol retour. Nous en profitons ensuite pour immortaliser le parking depuis la terrasse puis gagnons la salle qui nous est réservée pour le repas.



Puis vient le moment des conférences où est attendu un beau panel d’aviation féminine : Général Valérie André, première femme pilote d’hélicoptère et première femme à atteindre ce grade dans l’armée française, Catherine Maunoury, multi championne de voltige, en passant par Anne Brachet et ses collègues d’Air France Industries, Céline Couchet, navigateur de chasse sur Mirage 2000, ou encore Marion Buchet, Commandant de bord Alpha Jet, et j’en oublie beaucoup !
Il y a quelques jours, le musée me contactait pour me proposer de participer à ces conférences, invitation que j’ai spontanément acceptée bien sûr. Mais une fois sur l’estrade, je me suis quand même demandée ce que je faisais parmi ces grandes dames, me considérant somme toute comme quelqu’un de très ordinaire. J’ai bien sûr mentionné le DC3 et mes nouvelles fonctions au sein de l’association, petit clin d’oeil à Gabriel et Jacques qui étaient dans la salle, mais en fait, j’ai vite compris qu’il ne s’agissait pas d’une histoire de femmes mais de personnes qui ont réalisé un rêve. J’ai donc accentué mon petit discours sur la volonté de chacun et le fait de devoir tenter les choses pour y arriver. Et de nouveau, petit clin d’oeil vers Anaïs qui en secret est en train de développer une ambition latente.




Épilogue

Alors que nous quittons le terminal pour nous diriger vers notre avion, Frédéric Debrieu, le responsable audiovisuel du musée de l’air, nous questionne sur notre ressenti de la journée.
Sandrine annonce tout de suite la couleur, personne ne l’arrêtera dans sa quête du cockpit, elle continuera jusqu’au bout ! Anaïs ne l’avouera pas ouvertement mais son sourire et sa folle cavalcade vers le Mirage en arrivant en disent long ! Quant à moi, je ne veux rien de particulier, juste pouvoir profiter de nouveau de ces instants de partage aéronautiques, avec des hommes, des femmes, des pilotes, des avions et surtout, pouvoir revenir l’année prochaine !


1 commentaire:

MANU RENAULT CHAVENAY a dit…

super Susana!!
beau reportage!
je n'ai que quelques photos un peu tartes...
bisous