samedi 14 mars 2009

Un petit nuage












C’est la 4ème fois que je viens au Bourget pour cette journée de la femme pilote, la 4ème fois que je reviens sur un petit nuage.
Au départ il y a le trac, le trac qui monte quelques jours avant, « vais-je y arriver ? »
Se poser au Bourget c’est très culotté ! C’est plus fastoche de se faire un Chavenay Bernay…
La difficulté c’est aussi de trouver une autre pilote libre (libre de famille, libre de SON samedi !).
Donc Nathalie, trésorière à l’aéroclub Renault Chavenay et jeune maman, m’a rejoint dans cette aventure, on ne se connaissait pas, c’est chose faite.



Bonne préparation et forte concentration en vol, Chavenay, décollage à 9h 10 (les preums), puis les étangs de Hollande, le vor de RBT, la Ferté Alais, la verticale Melun, et l’arrivée en semi directe main gauche à Lognes.
Ouf, premier tronçon ok ! (55 mn)
Un briefing pour la partie la plus courte et la plus impressionnante Lognes LFPB et c’est parti sans trop d’attente… la chance.

C’est du rapide après, Nathalie reconnait E1 (comme sur la photo du dossier) E2 et hop on y est, mais circuit en attente (EN ATTENTE j’ai dit NY !!) car il y a un « gros » qui se pose.

La 03 en service. Pas le temps de prendre des photos, nous sommes trop concentrées. Un regard furtif sur Paris et la banlieue…

Stéphane (ancienne connaissance de St Cyr) à l’arrivée avec ses roses, et cet accueil !
C’est NOTRE journée, nous sommes accueillies comme des stars !


Et je retrouve les copines chaque année, Susana, Sylviane, L’Association des Femmes Pilotes (Agnès, Michèle, Nicole).
La photo de groupe est un moment important aussi ! Nous sommes nombreuses (et autant de photographes).
Nathalie fera le retour, à 16h30, décollage en 21 puis virage à droite sur W2 et survol du lac d’Enghien, la petite colline et W1, sa cheminée blanche et rouge.



Déjà arrivées à LFPX pour une remise de gaz (le samedi c’est normal, petit cadeau d’arrivée) avec son PA19 en courte (merci Eric !).
C’est déjà fini mais nous restons sur un nuage plusieurs jours durant…
OUI, we did it !

Et vachement fières ! A l’année prochaine!


















Pour une fois je fais une photo d’une voiture dans un musée de l’air….elle me plait bien en rouge.

© Texte et images Emmanuelle Betoulle

Vite, la suite !

Céline Couchet s'adresse à nous, à vous !

Céline est navigateur de chasse sur Mirage 2000. Et depuis quelques jours à peine, qualifiée navigateur de combat opérationnel. Le week-end dernier, elle participait aux journées des femmes pilotes organisées par le Musée de l'Air et de l'Espace au Bourget. Entre deux interviews, elle a posé pour notre objectif et accepte aujourd'hui d'écrire quelques lignes pour notre blog. Voici son message et son enthousiasme.

Mesdemoiselles, Mesdames...
Tout d'abord, je suis ravie de constater quelle passion vous anime toutes ! J'ai été très touchée par votre attention lors du week end dernier.

Alors pour raconter un peu ma vie... pour faire ce métier captivant, il suffit d'avoir le bac (général c'est mieux) et puis il existe différents recrutements. Le mien est d'avoir donc le bac, être française, avoir moins de 21 ans ! Il faut se présenter pour un concours à Brétigny en temps qu'EOPN (élève du personnel navigant), le concours étant basé sur des tests psychotechniques, psychomoteurs, de l'anglais, du français, connaissances générales en aéronautique et du sport. Tout est éliminatoire évidemment.
Ensuite, il y a une commission qui décide de notre sort (pilote ou navigateur) et puis il y a une visite médicale un peu poussée.
Quand tout est bon, c'est parti pour quelques années de formation: formation militaire, de l'anglais, cours théoriques pour passer l'ATPL (reconnu dans le civil évidemment !) et puis formation pratique. Ce qui est très progressif puisqu'on commence par des avions à hélice (D140 Jodel Mousquetaire pour les navs, Epsilon ou Grob pour les pilotes) puis il y a orientation pour la chasse ou le transport. La chasse c'est à Tours sur Alphajet. Ce qui mène au brevet tant convoité de pilote de chasse ou navigateur de combat ! Sinon il reste de faire les grandes écoles pour rentrer par la voie royale (mat sup, spé être ingénieur aéro..) je ne connais pas très bien le recrutement avec ce statut !
Pour rentrer plus dans le détail, jamais je ne pensais aller au bout car ça paraît tellement loin et semé d'embûches! Et bien ce que je peux vous dire c'est qu'avec du travail, beaucoup de volonté et motivation et je pèse mes mots ça ne peut que marcher ! Il faut également être bien intégrée au sein de l'unité et avec ses collègues. Et puis l'on est traité exactement comme un homme (enfin à quelques exceptions près ! ). Ce qui compte c'est de se sentir comme les autres. J'ai de supers potes au boulot, je suis même amie avec leur femme, on se voit régulièrement extra pro. Ce qui est drôle c'est que j'ai un peu les deux casquettes, celle de la copine collègue (avec les mecs) et celle de la copine avec leur femme ! Alors dans les soirées, c'est marrant !
Alors je n'ai pas d'autres conseils à donner que vous dire de foncer !!! Car la vie est courte mais merveilleuse et puis il ne faut jamais rien regretter !!!
Tout est possible quand on le désire il faut juste se donner les moyens !
J'espère que ce petit message répond aux questions et attentes et si vous voulez d'autres infos pas de soucis.
Je vous souhaite de réaliser vos rèves... Vive l'aviation ! Vive les femmes ! Et surtout vive la chasse !!!!
A bientôt !

Céline

© Céline Couchet pour "Les Filles au Bourget"

Vite, la suite !

Morceaux choisis












Images © Cyril Godeaux
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mercredi 11 mars 2009

Le bourget 2009, we did it !

Le 14 février dernier, alors que je vérifiais ma cabine à l'embarquement d'un Madrid-Paris, un joli ptit couple - Susana et Arnaud - m'est apparu au 4ème rang. Treize mois que nous nous étions point vues avec Susana, les retrouvailles furent chaleureuses. Durant le vol, nous bavardâmes boulot-chiffons et ... pilotage bien évidemment ! A ce sujet, Suz me fit part de son projet de se poser au Bourget à l'occasion de la journée des femmes de l'air. Initialement accompagnée d'Anaïs, elle me proposa gentiment de les rejoindre pour participer à cette journée. "Avec joie, pardi !!" répondis-je.

Après vérification de mon planning pour la disponibilité du 7 mars, le rendez-vous fut fixé à Chavenay ce même jour à 07h45.
Tout comme Susana, je me suis mise à scruter la météo durant les quelques jours avant l'évènement. Avec ma chance du moment - créneau de pilotage annulés pour cause de météo capricieuse - j'étais plutôt pessimiste et ça n'a pas raté : la veille, les tafs annonçaient un plafond et une visi incertains...

Le rendez-vous resta inchangé et je fut la première à arriver sur le terrain encore fermé, suivie de près par une "petite brune aux cheveux courts et un blondinet" nommés Anaïs et laurent, eux mêmes suivis par Captain Susie, Arnaud et leur fournée de pains au chocolat (miam!). Les avions furent sortis un à un avant de se retrouver autour d'une table pour parler du programme de la journée. Susana avait prévu les choses en grand et nous offrit à Anaïs et à moi-même un super-fly-book avec logs de nav, cartes vac, vues aériennes, mémos avion et autres infos utiles pour notre navigation, le tout avec en bonus un crayon rose pour Anaïs (détail important) et vert pour moi-même. Roy-al ! Ensuite, la décision fut prise de préparer l'avion et de faire le plein pour être prêtes à partir. Le démarrage du moteur fut laborieux, les pompes à essences annoncées (à tort heureusement) hors-service par la tour. Plus grand chose de pire ne pouvait nous arriver... Finalement, le plein fut fait rapidement et nous rejoignîmes les garçons au parking pour une tournée générale réconfortante de viennoiseries. Enfin, après consultation du bureau météo du Bourget et de l'Atis de Lognes, la décision fut prise de partir.
Susana, seule brevetée à bord, s'installa aux commandes avec son log de nav sur les genoux. Anaïs, s'assit à gauche équipée de sa carte IGN et du GPS gracieusement prêté par Arnaud. Quant à moi, à l'arrière, j'avais également ma carte IGN sur les genoux. Sans douter une seconde des qualités de pilote de Susana, 3 paires d'yeux valent mieux qu'une, paraît-il...
Une fois en l'air, nous retrouvâmes de loin les garçons qui avaient décollé 10 minutes avant nous. L'attérissage au Bourget étant uniquement réservé aux femmes, il était convenu qu'ils nous "suivent" sur une partie du trajet avant de rebrousser chemin vers Chavenay et nous rejoindre ensuite en voiture. Cette petite ballade commune fut fort sympathique et je put découvrir des paysages qui jusqu'ici m'étaient inconnus.
Etant basée à Lognes, mon terrain de jeu s'étend plutôt du côté de l'est et du sud-est parisien. D'ailleurs, c'est justement le cap de Lognes que nous devions prendre, escale technique obligatoire avant l'entrée en classe A. Après une pause de 20 minutes et un roulage de 30 minutes (traffic régulé par Le Bourget), notre valeureux Robin s'élança sur la piste 26 en quête des points E1 et E2 puis de la piste 03 du Bourget. Cette étape fut dense, presque sportive pour notre pilote : décollage et début de tour de piste sur un terrain inconnu, fréquence de Lognes à quitter, visualisation de la gare de vaires, prise de contact avec Le Bourget, passage des points E1 et E2 avec en prime un hélico à doubler, négociation d'une base en 03, le tout en à peine 10 minutes ! Mais la récompense est quasi immédiate : un joli ruban d'asphalte mythique où tant de Grands aéronefs et pilotes se sont posés (ou plus concrètement, une sacrée autoroute bien large et bien longue pour notre petit Robin). Susana est moyennement satisfaite de son atterrissage mais la vision d'une petite voiture orange prénommée "follow me" lui redonne rapidement le sourire. Ce petit luxe nous permettra de manoeuvrer efficacement dans ce dédale de voies et de hangars pour rejoindre notre parking sur lequel nous attendent... des placeurs ! Elle est pas belle la vie ?
A peine le pied posé sur le tarmac, une magnifique rose blanche nous est offerte. Les flashes crépitent, les caméras tournent, il ne manque plus que le tapis rouge et on se croirait à Cannes ! Nous prenons le temps d'aller à la tour de contrôle déposer le plan de vol du retour avant de revenir au parking où trône un impérial mirage 2000 flanqué d'un Alpha Jet à ses côtés. Toutes les femmes pilotes sont là. Susana prend le temps de bavarder, un bonjour par-ci, un petit mot par-là. De mon côté, j'aperçois les garçons derrière les grilles et décide d'aller les retrouver. Quant à Anaïs... Mais où est Anaïs ?? Après quelques secondes de recherches, j'aperçois notre accolyte (déjà) juchée sur les flancs du mirage à échanger avec Céline Couchet, navigateur de vol, alors assise aux commandes. Anaïs observe, questionne, s'émerveille... Une vocation est née ! Quelques instants plus tard, c'est à mon tour de monter. Je tenais vraiment à voir la composition du tableau de bord qui, somme toute, reste "déchiffrable". Ce qui m'impressionna le plus reste le siège imposant du pilote, un énorme pavé dont on comprend vite la force de propulsion en cas d'éjection.
Passé cet épisode militaire, nous nous mettons en route vers le restaurant improvisé sur la mezzanine d'une des salles du musée. Un buffet nous y attend. Pour y accéder, il faut montrer patte blanche et après vérification des identités, un petit sac nous est remis. A l'intérieur, nous y trouvons magazine, cd, stylo high-tech, porte-clef, poster et ce qui me ravit le plus, un tout petit morceau du fuselage du concorde - j'adore cet avion ! A table, nous retrouvons Emmanuelle et Nathalie venant de Chavenay elles aussi. L'instant entre femmes pilotes est agréable, les discussions sur nos vies et nos expériences vont bon train.
L'après-midi est consacré à une conférence sur les femmes de l'air, plus ou moins célèbres : Valérie André, Catherine Maunoury, Alexandra Jolivet... Le clou du spectacle : notre Susana nationale y a été conviée pour faire part de son expérience en tant que PNC, pilote privée et présidente de l'amicale France DC3. Un exercice qu'elle relèvera avec brio !
L'après-midi touche à sa fin et il est temps de penser à rentrer à Chavenay. De plus, la météo est loin d'être au beau fixe. Les filles m'octroient gentimment quelques minutes pour aller visiter les 2 concordes entreposés dans les hangars pour le compte du musée. Accompagnée d'Arnaud et de Laurent, je découvre enfin l'intérieur du supersonic. L'oiseau est fin, 2 sièges de chaque côtés de l'étroit couloir, lui-même à peine plus haut que nos têtes. Les galleys aussi ne sont pas larges. En tant que PNC, j'imagine aisément la teneur du travail de mes collègues sur cet avion.
Sur le chemin du tarmac, nous passons quelques instants devant une caméra pour livrer à chaud nos impressions de la journée, posons fièrement devant les derniers objectifs et rejoignons notre Alpha Tango qui est... seul ! Notre trio sera le dernier équipage féminin à quitter le Bourget. Décollage sur la piste 21, nous retournons à Chavenay via les points W1 et W2, travers Pontoise. La boucle est bouclée. Bravo Susana pour cette belle navigation francilienne.
A l'aéroclub, nous retrouvons dans un timing quasi parfait les garçons. Le carnet de route rempli, nous en profitons pour nous poser quelques instants et échanger sur cette journée riche en émotions. Nos sourires et nos silences en disent long sur nos impressions. C'est décidé, nous reviendrons l'an prochain, non plus à 3 dans le même avion mais chacune aux commandes du sien !

Vite, la suite !

mardi 10 mars 2009

Le fly-book

Comme il s'agissait d'une première pour Anaïs et Sandrine, j'avais décidé il y a de cela quelques semaines de leur offrir un petit souvenir de cette journée au Bourget. Et comme l'on constate souvent après un vol que telle ou telle carte VAC a disparu, que tout valse au fond d'une banquette et que parfois tout regrouper ressemble à une opération commando, l'idée s'est développée et le travail du pdf a commencé.

Facile, il a juste suffit de rassembler les cartes VAC en les téléchargeant depuis le site du SIA, intégrer quelques éléments supplémentaires, logs vierges pour les filles (j'ai rempli les miens au crayon pour les utiliser pendant la nav), captures google maps pour le souvenir, et autres paramètres utiles. Le tout relié et plastifié pour aboutir à un petit fly-book fort appréciable et aisément exploitable en vol.

Comme le disait mon instructeur à mes débuts, une bonne préparation te garantira 50% d'une navigation réussie !

Vite, la suite !

lundi 9 mars 2009

Notre journée au Bourget


Introduction

Laurent, l’ami d’Anaïs, souhaitait faire un cadeau original à cette dernière pour la Saint-Valentin. Un vol, ou tout autre événement lié à l’aéronautique. Après avoir échangé quelques mails, il est convenu qu’Anaïs participera à la journée des femmes pilotes au Bourget en m’accompagnant à bord d’un DR400 au départ de Chavenay. Je croise par ailleurs Sandrine sur un vol retour de Madrid le mois dernier, justement le jour de la Saint-Valentin. Elle est PNC en fonction, ayant récemment changé de secteur pour revenir sur le réseau moyen-courrier de la compagnie. L’année dernière, elle était affectée au long-courrier et nous nous étions rencontrées sur une rotation Los Angeles. Sandrine étant de repos le 7 mars, je lui propose de se joindre à nous pour cette journée féminine.


Équipage

Anaïs est élève pilote à l’aéroclub Bertin de Chavenay. Doctorante dans le domaine des matériaux et structures, elle sera prochainement chercheur pour un grand centre de recherche aérospatiale.
Sandrine est collègue PNC ainsi qu’élève pilote à l’aéroclub Air France de Lognes. Elle ambitionne tout cockpit de ligne dans un futur qu’elle espère proche.
Quant à moi, j’aspire juste à pouvoir les emmener voler le 7 mars en fonction de tous les impondérables propres aux pilotes VFR...

L’équipage constitué sera donc 100% féminin et respectera la tradition de la journée des femmes pilotes.


Préparatifs

Une fois l’inscription confirmée auprès du musée du Bourget, il faut préparer la navigation qui cette année encore nous fera faire un stop à Lognes pour les divers contrôles administratifs.

Alors, le Bourget, je connais déjà un peu. L’année dernière, Vero, copine de club et pilote à Saint-Cyr, m’accompagnait dans cette aventure un peu rocambolesque. Rentrer en pleine classe A, rien que ça, alors que nous n’y sommes pas vraiment habituées. Mais y avoir été une fois ne signifiait pas pour autant que j’allais pouvoir y retourner à la one-again. Une navigation vers le Bourget, ça s’étudie dans les détails. Il faut être précis et montrer que l’on sait faire pour que le rendez-vous se renouvelle les années suivantes.
Comme toute navigation, il faut sortir les cartes des terrains, tracer des lignes sur la carte de la région parisienne, remplir les logs de nav. On peut également s’aider de Google maps pour avoir une vision globale de ce que nous allons survoler.

La veille de notre départ, tout est prêt. Il ne reste plus qu’à prier pour que l’avion réservé ainsi que la météo soient enclins à notre balade.

La météo

Parlons-en justement de la météo. A J moins 10, les sites généralistes prévoient de la pluie tout le week-end. Comme ça, c’est clair. Mais en même temps, on ne peut pas se fier à ce genre de prévision sachant que parfois le jour même, les météorologues doivent changer leurs pronostics. Front qui arrive plus tôt que prévu, front qui tarde, front qui disparaît... Une chose est sûre, nous n’aurons pas un franc et beau cavok mais espérons au moins le strict nécessaire requis pour que l’on nous permette de transiter en classe A : 5 kilomètres de visi et 1500 ft de plafond minimum.
La veille, les prévisions de Météo France sont hésitantes, Orly étant le seul aéroport à avoir un TAF encourageant. Le rendez-vous au terrain reste tout de même fixé à 7h45 pour tenter de respecter le créneau horaire que les organisateurs de la journée nous ont attribué.
Emmanuelle, pilote à l’aéroclub Renault de Chavenay, passe nous voir chez Bertin vers 9h du matin. Nous sommes chacune pendues au téléphone pour cerner au mieux les conditions de notre départ, l’une sur l’ATIS de Lognes, l’autre avec le bureau météo du Bourget qui nous annonce un changement de METAR avec un tempo 4000 de visi, pluie et 1200 ft de plafond. Les nuages arrivent mais ne devraient faire que passer. Emma décide d’y aller ; nous ne tardons pas à faire de même, l’ATIS de Lognes étant encourageant. Nous sommes en retard et après avoir appelé le coordinateur de nos arrivées, le créneau est modifié pour nous permettre de coller à la logistique.



L’avion

L’avion réservé, le F-GCAT, est un vaillant DR400 de 140 chevaux pouvant emmener jusque 4 personnes. Le plein est fait, la prévol effectuée, tout semble en ordre. Sauf que ce matin, il ne veut pas démarrer. Et pourtant, nous avons pensé à le brasser compte tenu du frimas matinal. Un mécanicien du club vient à notre rescousse, bidouille, l’avion démarre enfin !

Nos hommes

Laurent, l’ami d’Anaïs et Arnaud, mon compagnon, ont eux aussi envie de voler ce matin. Il n’y a pas de raison que seules les filles aient le droit de s’amuser ! Les consignes sont données : nous devons quitter Chavenay puis passer sur 123.45 pour les retrouver en fréquence. Ils décollent 10 minutes avant nous et nous rejoignent du côté des Etangs De Hollande. Je ralentis un peu, notre avion étant légèrement plus puissant que le leur, garde mon cap et l’altitude et les informe de tout changement de trajectoire. « On est dans vos 7 heures ! » Les filles surveillent nos poursuivants qui au fur et à mesure se rapprochent de nous pour un petit vol en formation à bonne distance. Arnaud est prudent, il se décale en arrière de nous, adopte un intervalle rigoureux, le zoom de nos appareils photo fera le reste. Cette année, nous aurons la double chance et de nous poser au Bourget et de nous voir à bord de notre avion en plein vol ! Les filles s’émerveillent, ce petit vol à deux avions étant une cerise supplémentaire sur ce beau gâteau au goût de ciel.





Organisation à bord et navigation

Sandrine et Anaïs sont pour l’instant élèves pilotes mais se portent d’emblée volontaires pour m’aider pendant la navigation. Chacune sa carte, chacune sa paire d’yeux pour me montrer tel ou tel point de passage qui pourrait m’échapper. Nous avons un GPS à bord mais forcément, le machin tombe en rade du côté de la Ferté et ne veut plus nous afficher la route. Ce qui n’est pas grave en soi et nous permet de naviguer comme nous avons l’habitude de le faire, au cap et à la montre. Il faut dire que les points tournants sont plutôt représentatifs et faciles à trouver avec cette visibilité extraordinaire qui dépasse assurément les 10 kilomètres.
A Lognes, après une très longue et directe finale pour la piste 26, nous sommes accueillies par Laurence Gallet, une amie pilote que je n’avais pas revu depuis longtemps. Elle s’est portée volontaire pour gérer les arrivées sur sa plateforme de toujours et décollera à la suite du dernier appareil pour également se poser au Bourget en avion. Les retrouvailles sont enthousiastes, la revoir si épanouie après sa nouvelle reconversion professionnelle aéronautique est un vrai bonheur.
Le transit à Lognes qui se voulait rapide se transforme en 30 minutes d’attente au premier point d’arrêt, juste derrière le Nord NC858.S de Gaëlle qui elle aussi a décollé de Chavenay environ une heure plus tôt. Le contrôleur nous demande de veiller la fréquence en attendant que le Bourget veuille bien reprendre la gestion de nos arrivées. Trop de trafic en même temps, et surtout un Mirage 2000D en approche à LFPB. Gaëlle décide d’arrêter son moteur ; derrière, nous faisons de même tout en guettant le message providentiel.



C’est reparti, pleine puissance, nous décollons de Lognes après un intervalle de 5 minutes sur l’avion précédent et mettons le cap sur la gare de Vaires comme nous l'avions fait l’année dernière avec Vero, le but étant de survoler le moins de maisons possible. Chose qui va s’avérer difficile tout au long de notre incursion en classe A, les maisons se transformant en immeubles tassés, la banlieue parisienne défilant à plus de 200 km/h sous nos ailes. Alors que nous sommes autorisées au transit, Echo 1 se profile déjà sur le nez de l’avion, puis Echo 2 avec au loin la fusée Ariane du musée, excellent repère pour ne pas se perdre. Les voies de chemin de fer du Blanc-Mesnil représentent une bonne base pour la piste 03, dernier virage et voilà la grande avenue du Bourget qui nous déroule un asphalte exubérant, tout comme notre joie, immense, d’être enfin arrivées à destination.
Un « Follow me » orange nous conduit ensuite jusqu’au parking déjà bien rempli de nos petits coucous. Stampe, DR221, Piper, de nombreux DR400 puis au loin le Mirage et l’Alpha Jet... cette journée ne sera pas seulement le moment des femmes mais aussi celui d’une belle aviation.




La journée

Nous sommes accueillies chacune par une jolie rose blanche puis très vite, nous retrouvons sur le tarmac tous les copains qui n’ont pas pu venir au Bourget en avion. Nos hommes sont également là ! Après une heure de balade au-dessus de la campagne francilienne, un nouveau vol en formation cette fois-ci avec un Stampe généreux, ils se sont reposés à Chavenay puis ont rallié le terrain en voiture. Ils nous regardent derrière les barrières, comme emprisonnés dans une sorte d’injustice car ils sont autant pilotes que nous ! Mais tout ce qui concerne l’événementiel nous échappe et ce qui compte avant tout pour eux est ce beau moment chaleureux que nous partageons toutes les trois ensemble.



Avant de rejoindre Emmanuelle et toutes les autres copines pour le déjeuner, nous montons rapidement dans l’ancienne tour de contrôle pour déposer notre plan de vol retour. Nous en profitons ensuite pour immortaliser le parking depuis la terrasse puis gagnons la salle qui nous est réservée pour le repas.



Puis vient le moment des conférences où est attendu un beau panel d’aviation féminine : Général Valérie André, première femme pilote d’hélicoptère et première femme à atteindre ce grade dans l’armée française, Catherine Maunoury, multi championne de voltige, en passant par Anne Brachet et ses collègues d’Air France Industries, Céline Couchet, navigateur de chasse sur Mirage 2000, ou encore Marion Buchet, Commandant de bord Alpha Jet, et j’en oublie beaucoup !
Il y a quelques jours, le musée me contactait pour me proposer de participer à ces conférences, invitation que j’ai spontanément acceptée bien sûr. Mais une fois sur l’estrade, je me suis quand même demandée ce que je faisais parmi ces grandes dames, me considérant somme toute comme quelqu’un de très ordinaire. J’ai bien sûr mentionné le DC3 et mes nouvelles fonctions au sein de l’association, petit clin d’oeil à Gabriel et Jacques qui étaient dans la salle, mais en fait, j’ai vite compris qu’il ne s’agissait pas d’une histoire de femmes mais de personnes qui ont réalisé un rêve. J’ai donc accentué mon petit discours sur la volonté de chacun et le fait de devoir tenter les choses pour y arriver. Et de nouveau, petit clin d’oeil vers Anaïs qui en secret est en train de développer une ambition latente.




Épilogue

Alors que nous quittons le terminal pour nous diriger vers notre avion, Frédéric Debrieu, le responsable audiovisuel du musée de l’air, nous questionne sur notre ressenti de la journée.
Sandrine annonce tout de suite la couleur, personne ne l’arrêtera dans sa quête du cockpit, elle continuera jusqu’au bout ! Anaïs ne l’avouera pas ouvertement mais son sourire et sa folle cavalcade vers le Mirage en arrivant en disent long ! Quant à moi, je ne veux rien de particulier, juste pouvoir profiter de nouveau de ces instants de partage aéronautiques, avec des hommes, des femmes, des pilotes, des avions et surtout, pouvoir revenir l’année prochaine !



Vite, la suite !